Vous serez parfaits

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était informe et vide. (Genèse 1, 1-2)
Nous pouvons approcher la vérité avec des mots et des concepts, mais pour la connaître vraiment, nous devons l’expérimenter. La vérité est comme une symphonie dont nous ne pouvons apprécier la beauté si nous n’apprenons pas à la lire, la jouer et la chanter. La parole de Dieu est une telle symphonie :
Que ma langue chante ta parole ! Car tous tes commandements sont justes. (Psaume 119, 172)
Lorsque nous sommes entourés de beaucoup de monde, nous réalisons que nous sommes comme « des riens ». Mais au milieu de cette foule où tous sont « des rien », nous sentons au fond du coeur que nous avons une vocation dans ce monde. Certes, nos pensées ne sont pas les pensées de Dieu. (Esaïe 55, 8) Dieu est insaisissable et nous ne savons de lui que ce qu’il nous révèle dans ce monde créé selon sa divine logique. Dieu n’a pas besoin de faire quoi que ce soit. Etant la perfection absolue, il peut propager sa perfection à l’infini.
Pour manifester sa perfection, Dieu créa le monde intentionnellement chaotique – une imperfection qui conditionne tout perfectionnement. Il choisit l’homme pour être un vase qui manifeste la richesse de sa grâce en collaborant au perfectionnement du monde imparfait. Le « souffle de vie » que l’homme reçu lors de sa création fit naître en son âme une soif de perfection divine. D’où sa lutte constante pour améliorer le monde et lui-même. Ce souffle de vie est ce qui est parfait dans l’homme imparfait. Et s’il suscite en nous la foi d’être nécessaire, c’est que nous le sommes réellement pour Dieu.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent l’adorer. (Jean 4, 24)
D’aucuns s’imaginent que Dieu se trouve quelque part dans l'univers d’où il créa l’homme sans dessein particulier. Une telle vision enlève toute signification à notre existence : nous ne servons à rien et notre vie n’a pas de sens. Heureusement les Ecritures montrent clairement que Dieu agit sans cesse dans la création et qu’il a besoin de l’homme pour y manifester sa perfection. Jésus-Christ situait ses actions et son œuvre dans la continuité de l’œuvre de Dieu, son Père :
Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi. (Jean 5, 17)
Se sentir nécessaire fait partie du bonheur humain.
L’Éternel parcourt des yeux toute la terre pour affermir ceux dont le cœur est tout entier tourné vers lui. (2 Chroniques 16, 9)
Ainsi, en choisissant l’homme imparfait pour manifester à travers lui sa perfection divine, Dieu répond à son besoin de bonheur.
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Que ce soit Dieu qui ait créé le ciel et la terre, les croyants le savent ; mais que Dieu ait laissé la terre dans un état chaotique (informe et vide) cela échappe à beaucoup. Le chaos suggère une création inachevée. Mais c’est justement son état chaotique qui se prête idéalement à un développement vers une perfection infinie. Et notre vocation est de contribuer à la transformation du monde chaotique en un lieu d’harmonie et de paix. Cette œuvre se fait en parallèle avec la transformation du chaos qui règne dans nos cœurs. Pour ce faire, nous disposons de la puissance de l’Esprit Saint. S’engager dans cette mission est la promesse d’authentiques victoires et triomphes :
Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène sans cesse dans son triomphe et qui, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance. (2 Corinthiens 2, 14)
L’adage : « Personne n’est parfait » exprime précisément ce qui est si parfait dans ce monde. Certes, ce n’est vrai que si nous utilisons l’imperfection comme point de départ pour nous engager sur le chemin resserré qui mène à la vie – de perfection en perfection. (Matthieu 7,14) Si nous ne nous y engageons pas, nous excluons Dieu de la vie et perdons le sens de notre existence. Dieu sait que notre mission est difficile et que nous ne pourrons remporter des victoires qu’en renonçant à nous-mêmes.
Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera. (Matthieu 10, 39)
Ainsi se transforment lentement et les cœurs et le monde en des lieux où s’exprime la divine perfection.
Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle – car le premier ciel et la première terre ont disparu. (Apocalypse 21, 1)

K. Woerlen (publié le 5 juillet 2018)