Les richesses incomparables de Christ

A moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens les richesses incomparables de Christ, et de mettre en lumière le moyen de faire connaître le mystère caché de toute éternité en Dieu qui a créé toutes choses. (Éphésiens 3, 8-9)
Bien qu'il reçût son ministère « non par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père », cela n’empêchait pas l’apôtre Paul à se considérer autant serviteur de Christ que serviteur de tous. Et s’il affirmait être « le moindre de tous les saints », ce n'était pas seulement par humilité (et encore moins une exagération de sa part), mais bien plus un encouragement pour tous les sanctifiés. La gloire de Paul était d'être un saint parmi les saints. Toutefois, n'oublions pas que, même en s’estimant le moindre des saints, il était cependant bien un saint.
Nul ne peut être ni plus ni moins que saint dans le corps de Christ - l’Église. Aussi n’est-il pas orgueilleux, pour un disciple de Christ, d’affirmer : « je suis un saint » ni humble pour un croyant de dire : « je ne suis qu’un pauvre pécheur ». Les croyants qui ne sont pas des saints, ne sont pas « en Christ » ni des enfants de Dieu. Car Dieu désire que nous devenions :
A l'exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit : Vous serez saints, parce que moi, je suis saint. (1 Pierre 1, 5)
De riche qu'il était dans les cieux, Christ s'était fait pauvre en venant sur terre afin d’enrichir l’humanité par sa pauvreté. Il a partagé le sort des hommes qui n'avaient qu’une espérance terrestre et temporaire, en les appelant à partager sa propre gloire, sa vertu et sa divine puissance qui donne tout ce qui concerne la vie et la piété.
Par elles, les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise. (2 Pierre 1, 3-4)
Les trésors de vie, de bonheur, de grâce, de justice, de paix, de joie, de puissance, de force, d'espérance, de sainteté et de vérité sont cachés en Christ. En lui, c'est-à-dire : en renonçant à tout pour suivre les traces du Christ, nous trouvons tout ce que le monde ne peut jamais nous offrir : tout ce qui est nécessaire pour supporter patiemment et avec joie les afflictions, les tribulations et tout ce dont nous avons besoin pour résoudre et surmonter les épreuves et les problèmes de la vie.
Tout ce qui concerne la vie et la piété est à nous : Dieu le Père, Jésus Christ et l'Esprit Saint : esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Cette richesse de Christ était si attirante pour les premiers chrétiens que le péché et le monde n'avait plus aucune attraction pour eux. Ils puisaient dans ces richesses de Christ grâce pour grâce sans pour autant devenir pour fiers, dominateurs et enflés d'orgueil. Car là où était leur trésor, là aussi était leur cœur. Qu'en est-il de ceux qui se disent chrétien aujourd'hui ?
La plupart d'entre eux essaient par des efforts pénibles de s'enrichir en Christ, car leur vie intérieure n'est pas au ciel mais sur terre où ils ne pensent qu'à multiplier les biens terrestres. Pourtant, les plus riches sont souvent les plus malheureux. Ils aspirent au repos et à la paix mais ne trouvent aucune consolation dans leurs biens que rien ne protège et qu'ils doivent constamment surveiller pour ne pas se faire voler.
Dieu seul peut ouvrir la porte de la foi à ces malheureux riches et les inciter à renoncer aux convoitises et à la cupidité, qui est une idolâtrie. Jésus, après avoir cité dans un Parabole l’exemple d’un intendant infidèle qui, après avoir dilapidé la fortune de son maître, avait l’habilité d’assurer son avenir avec « des biens d'autrui », conseille à ses disciples :
Faites-vous des amis avec le malhonnête Argent, afin qu’au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans les tentes éternelles. (Luc 16, 9)
Si seulement beaucoup de gens riches avaient cette sagesse d’assurer leur admission dans les tentes éternelles en distribuant aux pauvres « ces biens d'autrui » - ces biens matériels que nul ne peut garder en quittant la terre. Bien que les richesses terrestres ne soient que de la boue au regard des richesses éternelles, ceux qui sont fortunés préfèrent se perdre avec leurs richesses injustes plutôt que de les distribuer.
Se glorifier des richesses injustes est un orgueil méprisable qui cache une satiété et une tiédeur que le Seigneur a envie de vomir de sa bouche. L'ange de l’église de Laodicée s’imaginait être si riche qu’il n’avait plus besoin de rien. Il ne se rendait pas compte à quel point il était en réalité malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu. A ce stade il n’y a plus d’autre solution de guérison que de rentrer en soi-même, s’examiner à la lumière de la Parole de Dieu et de suivre le conseil du Seigneur : acheter un collyre pour les yeux afin de voir claire et de l’or purifié pour devenir véritablement riche. (cf. Apocalypse 3, 17)
Ceux qui ont part aux richesses incomparables de Christ pour avoir suivis son invitation à être « bienheureux » n’ont pas d’autre désir qu'à annoncer à leur tour l’Évangile de Jésus-Christ pour que ceux qui les écoutent deviennent aussi des « bienheureux ». Et comme le désir engendre la demande et la demande la prière et la prière permet de recevoir.
Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frapper et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et qui frappe on ouvrira. (Matthieu 7, 7-8)
Christ exauce ceux qui l'invoquent d'un cœur sincère et leur accorde tout ce qui contribue à la vie et la piété. Dans tous les domaines il pourvoit à leurs besoins et rend même l'impossible possible. Mais plus nous expérimentons ces choses, plus nous y pensons et méditons, moins nous comprenons la raison pour laquelle l’Éternel Dieu désire tout partager avec le Fils, et que le Fils veuille partager ses incomparables richesses avec le moindre de ses saints.

K. Woerlen (publié le 15 septembre 2018)