Emporté à tout vent de doctrine

Nous devons […] constituer cet Homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ. Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine, au gré de l'imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. (Éphésiens 4, 13-14)
La vocation des enfants de Dieu est de se développer de sorte à ne plus rester des enfants charnels en Christ, mais à devenir des hommes et des femmes spirituels, dans la force de l'âge qui réalisent la pleine mesure de la plénitude du Christ. Si nous désirons croître et nous développer spirituellement nous devons apprendre :
(1) à ne plus tomber dans le péché et résister aux tentations et convoitises de la chair ;
(2) à ne plus reproduire les « actions du corps » (les œuvres et actions imparfaites) ;
(3) à être rendu parfait par une « obéissance de la foi » permanente. (Hébreux 5, 8-9)
La raison d’être des Chrétien est de recevoir (1) la victoire sur tout péché conscient (péchés que l’Écriture appelle les « œuvres de la chair »), et, (2) de participer à une formation continue dans l’école de Christ pour devenir des hommes fait qui dans la force de l’âge réalisent la plénitude du Christ en prévision de la rencontre avec leur époux céleste.
Certes, pour obtenir la victoire sur les « œuvres de la chair », nous devons être prêt à tout renoncer et, en Esprit et en vérité, être baptisés dans la mort du Christ afin que notre vieil homme y soit crucifié avec lui pour que nous devenions capables de marcher en nouveauté de vie. Dès lors que le vieil homme avec ses œuvres est déposé, nous n’avons plus rien à voir avec lui ; les péchés commis, confessés et (si possibles) réparés restent ensevelis avec lui. Quand le baptême est ainsi pratiqué dans la foi, alors le baptisée expérimente une nouvelle naissance et apprendra à ne plus vivre pour lui même. La victoire sur le péché devient une réalité. Et son entourage peut témoigner : Il est vraiment mort, c’est un autre homme, quelqu’un qui ne vit plus pour lui-même.
Naturellement nous gardons, tant que nous restons en vie, la possibilité de faire des faux pas, de pécher, à cause de la faiblesse de la chair - la nature humaine. Ces erreurs qui se font en particulier au début de la nouvelle vie, comme de petits enfants, ne sont cependant pas une nécessité mais des accidents. C’est pourquoi, l’apôtre Jean écrit :
Petits enfants… si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste. (1 Jean 2, 1)
Ne plus manquer la cible (ce qui signifie le verbe pécher), c’est vivre une véritable vie de victoires. Une vie qui conduit de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte et, suivant les desseins de Dieu, jusqu’à devenir des pères en Christ. Autrement dit : suivre Christ comme des disciples n’est pas seulement croire qu’il était, qu’il est et qu’il sera, mais bien plus de vivre et de pratiquer son enseignement de mieux en mieux. Ainsi nous sommes transformés et devenons mature pour refléter comme des miroirs l'image de Christ.
Notre sœur est petite : elle n'a pas encore les seins formés. Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il sera question d'elle ? (Cantique des Cantiques 8, 8)
Être « petite et ne pas avoir de seins formés » indique clairement que la sœur concernée n’est pas assez mature pour se marier. En tous cas, des hommes sains d’esprit ne demanderont jamais la main d’une enfant. Cette interrogation : « Que ferons-nous à notre petite sœur », sonne comme un reproche à l’adresse des enfants de Dieu devenus sourds d’oreilles et inexpérimentés à discerner le bien et le mal. (Hébreux 5, 13-14) Il est déplorable en effet que les chrétiens se satisfassent avec le pardon de leurs péchés et ne songent généralement pas même à se développer spirituellement. Ils se contentent d’écouter des pasteurs et ministres dont les paroles chatouillent agréablement leurs oreilles (2 Timothée 4, 3-4) au lieu d’entrer en apprentissage et être formés pour recevoir - au delà de la victoire sur les « œuvres de la chair » (les péchés manifestes) - un développement qui aboutit à la pleine mesure de la plénitude du Christ.
Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers celui qui est la tête, le Christ. (Éphésiens 4, 15)
Que sert-il de dire : « Je crois », si notre vie ne confirme et ne reflète pas cette foi et si nous ne savons pas même ce que sont les « œuvres/actions du corps » ? Si nous continuons comme de petits enfants à ignorer ce qui est bien et mal, ce qui est parfait et imparfait ? Si dans tout ce que nous pensons et faisons nous ne découvrons ne rien qui soit incorrect, insuffisant, bancal ? Si nous n’avons pas appris à éradiquer par l’Esprit les « œuvres/actions du corps » (Romains 8, 13), ces actions et œuvres négatives et maladroites, pour grandir vers celui qui est la tête, Christ ?
Ce n’est qu’en exerçant nos facultés que nous acquérons, par l’expérience, des sens affinés qui nous permettent de distinguer et de choisir entre ce qui est mal et ce qui est bien. Ce développement spirituel permanent, nous procure toujours plus d'humilité, de sagesse, de justice, de patience et de douceur jusqu’à atteindre la pleine mesure de la plénitude du Christ.
La maturité spirituelle comprend une abondance d'amour : cet amour de Dieu qui ne cesse jamais à se lever aussi bien sur les méchants que sur les bons ; cet amour qui n’est jamais amer, qui n’impute pas le mal mais espère, tolère et supporte tout. L’amour humain n’est rien d’autre que désirer, exiger, souhaiter, brûler, rêver, envier etc. C’est pourquoi l’amour humain ne dure dans un couple guère plus longtemps que jusqu'à la première difficulté. Puis s’installent les controverses, les disputes, des guerres et bientôt la séparation et le divorce. Les partenaires se comportent l’un plus mal que l'autre. Leur « amour » c’est évanouie sans laisser de traces outre que beaucoup de malheur et de tristesse.
Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et à qui frappe on ouvrira. (Luc 11, 9-10)
Gardons à l'esprit que la foi véritable vient de ce qu’on entend (si ce qu’on entend d’une vraie prédication de la Parole de Dieu). Alors, quand la porte de la foi s’ouvre, pourquoi ne pas aussitôt tout renoncer pour entrer dans l'école du Christ afin d’apprendre de lui comment toujours vaincre, devenir participants de ses vertus et devenir semblables à lui ?
Rien ne sert de s’imaginer et de rêver d’être de l'épouse du Christ… Car Christ, l'Agneau de Dieu, ne célébrera son union qu’avec une épouse mature, pleinement développée qui lui est semblable. Une épouse dont l’amour et la patience est illimitée et qui s’est revêtue de cette robe de fin lin que sont les bonnes actions, les œuvres justes des saints. (Apocalypse 19, 8).

K. Woerlen (publié le 25 mars 2016)