Doute et assoupissement

L'Evangile que nous avons le privilège d'annoncer ne se manifeste pas en paroles seulement, mais bien plus par sa puissance, sa consolation, sa paix et ses fruits. Il manifeste sa divine vérité de façon intangible en tous ceux qui lui sont fidèles. En nous donnant corps et âme à l'Evangile, nous avons au milieu de toutes sortes de tribulations et de tentations, l'âme tranquille comme un enfant sevré auprès de sa mère. Nous pouvons nous ébattre dans la félicité de Dieu comme dans une mer, en donnant ce merveilleux témoignage que Dieu ne nous laisse manquer d'aucun bienfait.
Mais autant l'Evangile procure de riches bénédictions à qui lui est fidèle, autant il avertit les infidèles des malédictions qu’ils s’attirent en lui tournant le dos. L’apôtre Paul avait à cœur de ne pas laisser Timothée dans l'ignorance à ce sujet, et il l'exhorte à se souvenir des prophéties précédemment faites à son sujet et à combattre le bon combat, en gardant la foi et une bonne conscience. Plusieurs avaient perdu cette bonne conscience et ont fait naufrage par rapport à la foi. De ce nombre étaient Hyménée et Alexandre qui, livrés à Satan, devaient apprendre à ne plus blasphémer (1 Timothée 1,19-20).
Celui qui s'assoupit et manque de vigilance ne voit plus clair. Le doute s’installe et il est comme ballotté sur une mer déchaînée où il risque le naufrage à tout moment. Il perd sa bonne conscience et, commençant à douter de la saine doctrine, s'intéresse à nouveau aux faibles et pauvres rudiments des traditions religieuses. Le pas à faire n'est alors pas grand pour se détourner de l'Evangile et à le considérer comme une erreur, voire une tromperie, et finir par le blasphémer. Le danger est grand, et toujours présent, de manquer de vigilance et de perdre la sainte foi.
Dans les églises de la Galatie, déjà, il y avait plusieurs qui, après avoir commencé à vivre selon l'Esprit, retournaient à nouveau aux traditions religieuses qu'ils avaient quittées lors de leur conversion. Comment est-il possible que ceux qui connaissent Dieu, ou plutôt qui ont été connus de Dieu, puissent retourner à ces faibles et pauvres principes élémentaires qu'ils pratiquaient lorsqu'ils servaient encore des dieux qui ne le sont pas de leur nature ? La raison en est le manque de foi et de fidélité.
De tels échecs doivent nous interpeller. D’aucuns se demandent alors s'il est réellement possible de vivre une vie nouvelle et victorieuse ? Naturellement ! Car s'il doit y avoir un doute, ce n'est certainement pas de la Parole de Dieu qu'il faut douter, mais des hommes. En effet, l'échec des uns ne peut, en aucun cas, effacer la réussite des autres. Eh quoi, si quelques-uns n'ont pas cru, leur incrédulité annulera-t-elle la fidélité de Dieu ? Loin de là ! La désobéissance et l’infidélité des uns ne peuvent annuler ni les promesses ni la fidélité de Dieu à l'égard de ceux qui lui sont fidèles. Jamais de la vie ! Les exemples que ces naufragés de la foi laissent sont, au contraire, un puissant témoignage à la vérité. A eux seuls, ils prouvent que l'homme n'est que menteur et que toute infidélité envers la Parole de Dieu mène à l'échec.
Et comme Dieu ne manque jamais d’accomplir ses promesses, ni de récompenser largement et magnifiquement tous les fidèles qui lui restent attachés, il sera toujours reconnu pour vrai et juste dans ses paroles (Romains 3,3-4). Certes, il y a parmi les croyants beaucoup d’infidélité, mais si des hommes ont failli à leur promesse, leur parjure obligerait-il Dieu à manquer aux siennes ? Loin de là ! Car le secret du bonheur des fidèles réside dans leur persévérante obéissance de la foi ; tandis que le malheur des infidèles trouve son origine dans leur incrédulité, leur infidélité et leur désobéissance.

K. Woerlen (publié le 5 novembre 2014)