De la souveraineté de Dieu

le 15 janvier 2016

Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point - ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint -, j'éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon cœur. Car je souhaiterais d'être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair, eux qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement ! Amen. (Romains 9, 1-5).
Comme la dispensation du royaume de Dieu n'obéit pas aux pensées humaines et ne dépend ni des lois naturelles ni de la pratique de la loi, mais se réalise en vertu des résolutions de Dieu et de sa parole, l’apôtre Paul éprouvait une profonde tristesse parce que son peuple s'était endurci jusqu'à rejeter Christ manifesté dans la chair. En refusant la révélation sur le péché et la violence des hommes, Israël se confinait dans une obscurité spirituelle qui provoquera sa dispersion parmi les nations. En rejetant Christ, Israël a légué son hostile incrédulité à ses descendants selon la chair. Depuis, une incapacité de croire au Fils de Dieu lui est innée comme le péché originel. Pour cette raison il ne peut à bon droit servir Dieu tant que Christ ne le relève de sa chute par une nouvelle naissance. L’accès au royaume de Dieu, dont Israël pensait être l’unique prétendant, lui est fermé aussi longtemps que dure son endurcissement. De ce fait la véritable bénédiction d'Abraham – le salut en Christ – est devenue accessible à toutes les familles de la terre.
Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre. (Genèse 12, 3)
Comme c'est avec les descendants de Sem que Dieu a conclu des alliances (il leur a donné ses commandements, le culte et les promesses), ils se convertiront aussi, lors du rétablissement d’Israël, de sorte que « les derniers seront les premiers ». Car Dieu n'a jamais failli à sa parole. La mise entre parenthèse d'Israël n’est donc qu’une mesure temporaire. La promesse faite à Abraham s’accomplira tôt ou tard, car Japhet doit habiter dans les tentes de Sem. (Genèse 9,27)
C’est à cause de sa désobéissance et de son incrédulité à l’égard de Jésus-Christ qu’Israël doit, comme ses ancêtres dans le désert, cheminer vers sa vocation par des voies détournées. Selon l'élection de Dieu il y a toujours eu des rachetés parmi les autres nations. Israël, cependant, forme en quelque sorte la base qui porte l'édifice de Dieu. Les croyants des nations qui reçoivent Christ comme leur Sauveur et Maître sont édifiés sur ce fondement pour former, avec l’Israël régénéré, la maison de Dieu – la nouvelle Jérusalem.
Non certes que la parole de Dieu ait failli. Car tous les descendants d'Israël ne sont pas Israël. De même que, pour être postérité d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c'est par Isaac qu'une descendance portera ton nom, ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse. (Romains 9, 6-8).
L'élection est la conséquence de la grâce et des promesses de Dieu. Elle ne dépend aucunement des œuvres pieuses que l'homme pourrait faire. Mais il en est comme de la naissance d’Isaac (une allégorie de la nouvelle naissance), dont l’élection est le couronnement de la promesse faite à Abraham. Celui-ci avait deux fils : Ismaël et Isaac. Ismaël est né de façon naturelle, selon la chair ; Isaac est né de façon surnaturelle, en vertu d’une promesse de Dieu. Bien qu'Ismaël fût le premier né, ce n’est pas lui qui fût choisi comme héritier de la promesse, mais Isaac, le fils de la promesse. Cette inversion d’une coutume ancestrale montre que l'on ne devient pas héritier des promesses divines par le simple fait d'être un enfant d'Abraham, et il ne suffit pas non plus d'être Israélite selon la chair pour être de sa postérité. Seul l'enfant né selon la promesse est considéré par Dieu comme son descendant légitime. Il en est ainsi dans la nouvelle Alliance en Jésus-Christ. Personne ne peut prétendre au statut d’enfant de Dieu par la voie du sang, la volonté de la chair ou la volonté humaine. C’est pourquoi Jésus dit à Nicodème :
En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. (Jean 3, 3)
Mais la pensée qu'un adulte, qui plus est âgé, puisse renaître fait rire les sages de ce monde et perturbe des responsables religieux, tel que Nicodème, qui se demandent :
Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? (Jean 3, 4)
Oui, la prédication de la foi (et de la croix) est une folie pour les sages. Ils ne peuvent ni comprendre ni croire qu'il faut d'abord renoncer à soi-même, à la violence humaine et aux œuvres de la loi qui recouvrent le péché d’un voile, avant de renaître comme enfant de Dieu à travers la repentance et le baptême de foi.
Voici en effet les termes de la promesse : Vers cette époque je viendrai et Sara aura un fils. (Romains 9, 9).
Abraham ne pouvait engendrer le fils de la promesse avant d'avoir conclu avec Dieu l'alliance de la circoncision et l’avoir respectée jusqu'à l'âge de 99 ans. Et Sara ne pouvait enfanter avant d’avoir reçu la parole de Dieu et avoir dépassée avec ses 90 ans l'âge de concevoir. Enfanter à cet âge l'exposait à l'opprobre. C'est pourquoi, son fils s'appela « Isaac » ce qui signifie : « on en rira, ou, on se moquera ». Le contexte n'a pas changé de nos jours. La vie nouvelle en Christ est engendrée par la parole vivante et permanente de Dieu chez ceux qui croient en ses promesses. (1 Pierre 1, 23) Certes, le monde religieux se moque de cette filiation divine et s’obstine à imposer ses lois. Cela lui permet de perpétrer ses traditions, nées de la violence, de mieux contrôler et asservir ses membres, et récolter l'argent nécessaire à ses «serviteurs» dépensiers. Tout en étant différents, les partis religieux ont en commun un penchant : pour la domination, les activités humaines et les œuvres de bienfaisance. Et comme Abraham qui pria Dieu : Oh ! Qu’Ismaël vive devant ta face, les croyants implorent Dieu : Oh ! Que notre œuvre vive devant ta face. Mais Dieu répond comme jadis à Abraham :
Ne te chagrine pas à cause du petit et de ta servante, tout ce que Sara te demande, accorde-le, car c'est par Isaac qu'une descendance perpétuera ton nom. (Genèse 21, 12)
Cet exemple illustre merveilleusement que l'élection et la promesse divine ne dépend jamais de la volonté humaine qui, par nature, est violente.
Mieux encore, Rebecca avait conçu d'un seul homme, Isaac notre père : or, avant la naissance des enfants, quand ils n'avaient fait ni bien ni mal, pour que s'affirmât la liberté de l'élection divine, qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut dit : L'aîné servira le cadet. (Romains 9, 10-12).
Isaac reçut des jumeaux en réponse à sa prière pour sa femme stérile. Mais avant même que les enfants fussent nés, avant qu’ils n’aient fait ni bien ni mal, Dieu révèle à la mère que l'aîné sera assujetti au plus jeune. Cela montre que Dieu connaît les dispositions du cœur, l'entendement et le caractère des enfants à naître. Il savait que Esaü sera un homme impie, méprisant et violent, et Jacob un homme paisible et craignant Dieu. Rebecca avait gardé cette révélation en son cœur et s’en servira à sa manière. Par la foi en cette parole prophétique, elle poussa Jacob à ravir la bénédiction que le père aveugle réserva à Esaü. Mais celui-ci, pour avoir vendu son droit d'aînesse avec une légèreté incroyable, perd non seulement l’héritage mais aussi la bénédiction paternelle. L’amour aveugle du père pour son fils Esaü ne changera rien. Tandis qu’Isaac ne pense qu'à l'héritage terrestre, Rebecca comprend que la bénédiction d’Isaac se rapporte à la dispensation que Dieu annonça à Abraham.
Que Dieu te donne la rosée du ciel et les gras terroirs, froment et vin en abondance ! Que les peuples te servent, que des nations se prosternent devant toi ! Sois un maître pour tes frères, que se prosternent devant toi les fils de ta mère ! Maudit soit qui te maudira, Béni soit qui te bénira ! (Genèse 27, 28-29)
En lisant cette bénédiction nous comprenons que c'est sa foi en la parole de Dieu qui poussa Rebecca à agir comme elle le fit. Elle comprit que la réalisation des promesses dépend du cœur et de l'entendement, que la violence et l'impiété de Esaü déplaisent à Dieu, mais que la piété de Jacob lui est agréable. C'est pourquoi, en s'appuyant sur la parole de Dieu, elle dit à son fils :
Maintenant, mon fils, écoute-moi et fais comme je t'ordonne. Va au troupeau et apporte-moi de là deux beaux chevreaux, et j'en préparerai un régal pour ton père, comme il aime. Tu le présenteras à ton père et il mangera, afin qu'il te bénisse avant de mourir. (Genèse 27, 8-10)
Pour recevoir la bénédiction, Jacob s'habille des vêtements de Esaü et couvre ses mains et son cou de peaux de chevreaux. Comme il craint que cette tromperie puisse, en cas de découverte, lui la malédiction, Rebecca le rassure : Je prend sur moi ta malédiction, mon fils !  Voilà une allégorie de la façon dont nous devons nous approprier Christ pour recevoir la bénédiction divine. Dans la nouvelle Alliance rien ne se fait en dehors du Christ qui a été, comme un malfaiteur, condamné et crucifié. Ainsi, pour que Dieu puisse nous justifier et bénir nous devons nous identifier à Christ comme Jacob s’est identifié à Esaü. Isaac avait un doute sur la personne présente parce que l’intérieur ne correspondait pas à l’extérieur : La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains de Esaü.
Mais pour s'identifier à Christ et avoir part à l’héritage céleste, il n’est plus possible de ruser. Nous devons renoncer à nous-mêmes et être baptisés dans la mort de Christ, pour pouvoir marcher en nouveauté de vie. Ce n’est qu’en devenant une même plante avec lui par la conformité à sa mort, que nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection. C’est cette vie nouvelle que Jésus a vécue comme le premier-né d'entre plusieurs frères.
Se dire chrétien sans être né de nouveau est une double méprise. (1) Parce qu’on reste alors un enfant du premier Adam : un pécheur… (2) Parce qu'on donne à croire que Christ ne soit mort que pour pardonner les péchés, et non pour qu’il y ait : l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. (Éphésiens 4, 24).
Mais une justice qui n'est pas le fruit des efforts orgueilleux de l’homme est contraire à son honneur. Il veut bien régner avec Christ, mais nullement s’abaisser et souffrir avec lui. Il compte sur sa propre sagesse et justice pour vivre selon les ressources de ce monde. Ainsi, il s’exclut du salut en Christ qui affranchit du péché et de la puissance du prince de ce monde.
Dieu révèle sa grâce à ceux qui le cherchent d'un cœur humble et contrit. Certes, il peut aussi rendre le riche pauvre et abaisser celui qui s'élève pour montrer ensuite sa grâce et sa miséricorde. Mais comme l’homme préfère résister et s'endurcir plutôt que céder, Dieu choisit souvent les choses viles du monde et celles qu'on méprise, ce qui est faible, petit et insensé, afin de montrer en elles sa sagesse et la manière dont il confond et réduit à néant les grands et les sages de ce monde (1 Corinthiens 1,19-31).
Ah ! Si les hommes voulaient s'humilier, tous leurs problèmes seraient résolus ! Mais comme ils s'entêtent à combattre Dieu, ils ne s’attirent que déceptions et malheurs comme Esaü. Lui a lutté pour résister à Dieu, son frère a lutté pour obtenir la bénédiction de Dieu. Et chacun a récolté ce qu’il a semé…