De la louange

Chantez de tout votre cœur les louanges du Seigneur... (Éphésiens 5, 19)
La louange est-elle un simple sujet ? Pour répondre à cette question il faut d'abord apprendre ce qu'est la louange et ce que veut dire le mot louer. Louer signifie révéler par des paroles le mérite de quelqu'un (ou de quelque choses) en des termes qui témoignent le cas qu'on en fait. Ainsi on peut louer de belles actions, les mérites ou les qualités de quelqu'un. Louer est synonyme de chanter, célébrer, exalter, glorifier, magnifier, publier, vanter, honorer... Louer est le contraire absolu de blâmer, critiquer, dénigrer, vitupérer...

Les Écritures saintes citent de nombreux exemples et exhortations concernant la louange par rapport à Dieu. Elles montrent clairement que louer Dieu (ou donner louange à Dieu) signifie avant tout célébrer ses bienfaits. Malheureusement, les diverses religions ont fait de la louange une sorte d'exercice magique : Les fidèles (et les autres aussi) doivent louer Dieu s'ils veulent avoir une chance d'être bénies, c'est-à-dire recevoir ce qu'ils désirent. Pour cultiver cette croyance, des prédicateurs organisent dans leurs églises des « cultes de louange » en s'appuyant sur des citations de l’Écriture telles que :
Louez l’Éternel ! (cf. Psaumes 113, 135, 148, 150)
Célébrez par vos louanges sa sainteté... (Psaume 97, 12)
Que les louanges de Dieu soient dans leur bouche... (Psaume 149, 3)
Qu'ils louent l’Éternel pour sa bonté... (Psaume 107, 15)
Heureusement, il y a cette dernière citation du nouveau Testament qui montre clairement la différence entre une louange qui sort de la bouche seulement et les louanges qui proviennent du fond du cœur. Les paroles qui sortent de la bouche sont le résultat d'une éducation. A l'exemple des enfants auxquels les parents enseignent à dire « merci » lorsqu'ils reçoivent quelque chose. Une telle éducation suscite chez les enfants, lentement mais sûrement, la compréhension que ce n'est pas leur mérite de recevoir des bienfaits, mais la largesse d'un autre. Les croyants ne vont que rarement au-delà de cette louange formelle de « dire merci » à Dieu. Ils s’appliquent à pratiquer ce minimum parce que leurs conducteurs les enseignent que Dieu ne les bénira pas autrement. Dans le livre de l'Exode nous pouvons lire :

L’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges ; c'est lui qui m'a sauvé. Il est mon Dieu : je le célébrerai ; Il est le Dieu de mon père : je l'exalterai. (Exode 15, 2)
L’Éternel Dieu « est » ! Dieu est une réalité ! Au milieu de ses tribulations et afflictions, et à l'encontre de l’incompréhension et des reproches de ses amis, Job s’écrie : Je sais que mon Rédempteur « est » vivant. (Job 16, 25) Lorsque nous avons dans nos états de faiblesses éprouvé l'aide de Dieu, expérimenté la manière dont il nous sortit (sauva) des situations périlleuses, des comportements dommageables, de notre égoïsme, de notre rancune, bref : nous sauva du péché, alors l’Éternel devient aussi pour nous un sujet de louange que nous pouvons exalter et célébrer : Tu es ma force, mon (seul) Dieu, mon salut, mon créateur.
Jésus tressaillit de joie en disant :
Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi. (Luc 10, 21)
Cette prière de louange fut l'expression de sa foi en la direction de son Père céleste et le fruit de ses expériences quotidiennes. Jésus était conscient que sa mission ne consistait pas seulement à glorifier son Père, mais aussi à amener tous ses disciples à glorifier Dieu par leur vie. En effet, une des vocations de ceux qui espèrent en Christ est de servir à célébrer (louer) la gloire de Dieu…(Éphésiens 1, 12), d’être remplis du fruit de justice à la gloire et à la louange de Dieu... (Philippiens 1, 11), d’avoir comme objet de leurs pensées que ce qui est honorable, vrai, juste et digne de louange... (Philippiens 4, 8), d’offrir sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. (Hébreux 13, 15) Ce fruit de lèvres n’est pas un fruit acheté au marché (dans une réunion), mais un fruit qui se développe lentement sous les aléas de la vie quotidienne.
En son temps, Moïse éduquait le peuple d'Israël en l'exhortant par ces mots :
Souvenez-vous de ce jour, où vous êtes sortis Égypte, de la maison de servitude; car c'est par sa main puissante que l’Éternel vous en a fait sortir... tu rendras ce culte à l’Éternel dans ce même lieu... Tu diras alors à ton fils : C'est en mémoire de ce que l’Éternel a fait pour moi. (Exode 13, 3-8).
Ceux qui ne se souviennent même pas de ce que l’Éternel a fait pour eux et les autres, ceux qui ne voient pas à quel point sont admirables ses œuvres et pour qui la bonté de Dieu ne vaut pas mieux que la vie, (Psaumes 63, 4) comment pourraient-ils rendre en vérité un « culte de louange » à Dieu ? Il faut des cœurs vrais, reconnaissants et remplis d'amour pour pouvoir : Louer l’Éternel de tout son cœur... (Psaume 111, 1), le louer par des fêtes de louanges... (Néhémie 12, 21) et, faire de l’Éternel l'objet de ses louanges dans la grande assemblée... (Psaumes 22, 26)
Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent (apportent leurs louanges) l'adorent en esprit et en vérité. (Jean 4, 24).
Adorer (louer) en vérité n’est pourtant pas une pratique évidente. En effet, avant et après ces « cultes de louanges » programmés, il est facile d’entendre les uns et les autres à se plaindre de tout et de tous : des frères et sœurs, des parents, des patrons, des professeurs, des gouvernements, des intempéries, des catastrophes, des circonstances, de l'avenir... Et que dire des couples de croyants où le mari s'enhardit jusqu'à présider ces « cultes de louange » tout en se montrant incapable de se lever et donner des louanges à sa propre femme ? (Proverbes 31, 28)
Certes, avec un peu d'indulgence, les fidèles peuvent toujours se consoler avec ces paroles de Jésus :
Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas. (Matthieu 23, 3)

K. Woerlen (publié le 15 juillet 2017)