De la grâce et des œuvres

C'est par la grâce que vous êtes sauvé, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas par vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. (Éphésiens 2, 8-9)
Et de quoi avons-nous besoin d'être sauvés ? Naturellement du péché ! Du péché qui nous empêche d'aimer et d'être aimé, du péché qui convoite les biens du prochain. Comme nous ne pouvons nous en affranchir nous-mêmes, (car ce salut n’est pas une récompense d'un mérite quelconque, mais un don de Dieu), nous devons nous adresser à Dieu. Alors en réponse à notre foi, et sans aucun mérite de notre part, Dieu nous fait participer gratuitement au salut que la grâce en Jésus-Christ réalisera en nous et avec nous.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. (Jean 3, 36)
Dieu n’a aucun plaisir à la mort du méchant, il préfère le voir renoncer à sa conduite et vivre. (Ézéchiel 18, 23) N'est-il pas surprenant que Dieu lui-même assure aux hommes la promesse de sa grâce ? Pourtant, il a fort à faire pour qu’un pécheur se décide à revenir de sa mauvaise voie... Constamment il l’appelle, le sollicite le presse et quelquefois, lorsqu’il n’y a pas d'autres voies, il s’ingénie même à l’intimider pour le faire plier. Car pour bénéficier du don de Dieu, il faut répondre individuellement à son appel.
Nous devons nécessairement croire l'Évangile pour pouvoir comprendre que nous sommes morts dans nos péchés et que nous devons nous convertir pour passer des ténèbres à la vie. (Actes 26, 17) Il n’y a pas d'autre moyen que l'obéissance de la foi pour être affranchi de la puissance de Satan. Nous ne pouvons servir deux maîtres à la fois, soit nous servons Dieu, soit nous servons le péché ; le péché et le vieil homme ne peuvent cohabiter avec la grâce et la vie nouvelle. C’est en domptant le vieil homme fort qui garde la maison – notre cœur – que Christ lui enlève toutes les armes et en distribue ses dépouilles. (Luc 11, 21-22) Cela se réalise à travers le baptême en sa mort où le corps du péché est détruit et laisse la place à la vie nouvelle. Le règne de Satan s'achève et la grâce en Jésus-Christ remplace l'héritage d'Adam par la nature divine. C'est pour cette raison que tous ceux qui sont baptisés, en Esprit et en vérité, peuvent témoigner avec l'apôtre Paul :
Je suis crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. (Galates 2,  20)
Il faut être consciencieux et ne pas s'imaginer, en mentant contre la vérité, que l'on soit né de nouveau lorsqu'on continue à vivre dans le péché ! Sinon, on peut tout aussi bien appeler le bien mal, et le mal bien. En effet :
Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu. (1 Jean 3, 9)
Pour prévenir toutes mauvaises interprétations, il faut se souvenir que lorsque l'apôtre Paul dit « ce n'est point par les œuvres », il parle des œuvres mortes qui précèdent la nouvelle naissance. Tout ce que l’homme naturel peut faire et connaître ne le justifie jamais devant Dieu. Il ne peut sortir du péché et de son égoïsme par lui-même ; tout ce qu'il peut faire, c'est reconnaître que toutes ses «bonnes oeuvres» sont humaines et ne changent rien à son statut de pécheur.
Certaines religions enseignent que le salut se mérite en pratiquant de bonnes œuvres ; d'autres prétendent que Dieu n’accorde le salut qu’à ceux qui croient en la mort rédemptrice de Jésus-Christ. Ces interprétations manquent de base biblique, car elles ne se réfèrent qu'au pardon des péchés qui, lui, ne dépend que de la bonté et du libre arbitre de Dieu. Pour comprendre ce salut divin, il suffit de se demander à quoi pourrait bien servir une vie chrétienne où l'on continue à pécher et à pratiquer des œuvres mortes pour s'attirer la faveur des hommes.
Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus. (Mathieu 6, 1).
La vie nouvelle en Christ n'est pas une oeuvre de restauration mais une régénération de l'homme intérieur qui aboutit à une création entièrement nouvelle : c’est une oeuvre parfaite, une oeuvre d'amour. Tant que l'homme n'est pas affranchi de la loi du péché et de la mort, il ne peut aimer comme Dieu aime ; il est incapable de faire quoi que ce soit de bon.
Les œuvres mortes n’ont pas leur source dans l'amour divin. De ce fait, elles ne contribuent ni à la vie ni à la piété. Parmi la longue liste des œuvres mortes se trouvent toutes celles que les hommes religieux pratiquent sans connaître Dieu (Actes 10,1). C'est pour cette raison que tous les hommes, aussi les religieux, ont besoin d'entendre le merveilleux message de salut en Jésus-Christ s’ils ne veulent pas rester « des morts-vivants » qui vivent dans l'ignorance.
Beaucoup de ceux qui vivent sous la Loi ont un comportement pieux et droit ; il en est ainsi des enfants qui naissent et grandissent dans des familles chrétiennes. Mais du fait qu’ils sont enseignés à ne pas vivre comme le monde, il leur est souvent difficile de reconnaître que les efforts faits « pour se garder des souillures du monde » ne sont que des oeuvres mortes. Ils ont alors du mal à croire que seul le don de Dieu - Jésus-Christ - peut purifier leur conscience des oeuvres mortes et déverser en eux l'amour divin nécessaire pour le servir.
Mais tous ceux qui ont été rachetés du péché et de la mort expérimentent que l'amour, la miséricorde et la sagesse de Dieu continuent leur œuvre pour les affranchir également de tout ce qui est encore charnel et terrestre dans leur vie. Cette bonne œuvre que Dieu entreprend avec les rachetés en Jésus-Christ dépasse en magnificence les œuvres même de la création où tout était pourtant « très bon ». L’homme redevient ainsi cette image qui reflète la perfection divine à la gloire et l'honneur de Dieu.

K. Woerlen (publié le 15 juin 2020)