Cherchez et vous trouverez

Vous me chercherez et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre cœur; je me laisserai trouver par vous oracle de Yahvé. (Jérémie 29, 12-13)

Les habitant d’Athènes avaient des autels consacrés à tous leurs dieux connus et, par précautions, même un autel dédié : « Au dieu inconnu ». C’est précisément ce dieu inconnu que l’apôtre Paul chercha à faire connaître aux Athéniens :
Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, lui, le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans des temples faits de main d'homme. (Actes 17, 24)
Que de croyants s’imaginent que Dieu habite dans leurs églises tout en déplorant son absence dans ce monde où la civilité, l’honneur et le respect se font de plus en plus rare ; un monde où les gens sont menteurs, rusés, intrigants, perfides, toujours prêts à tricher et à se dénigrer les uns les autres. Ces croyants pensent,  parce qu’ils sont aveugles à l’omniprésence de Dieu, que Dieu se trouve dans un ailleurs inaccessible. Ils séparent la transcendance divine, qui se manifeste clairement à travers son éternelle puissance et sa divinité, de son immanence qui parle à la conscience à travers le souffle de vie qui anime les humains. C'est pourquoi, nous avons comme vocation première de chercher et trouver Dieu afin de connaître et la paix et ses desseins à notre égard.
Dieu invitait les hommes à le chercher, et à le trouver, peut-être, comme à tâtons, lui qui n’est pas loin de chacun de nous. (Actes 17, 27)
Il faut de l’humour pour ne pas se décourager à chercher ce Dieu qui se cache, et ce d’autant plus qu’il n’est pas loin de chacun de nous, puisque c'est en lui que nous vivons et existons. En effet, Dieu ne se cache nullement pour ne pas être trouvé mais au contraire, comme dans un jeu de cache-cache, pour que ceux qui désirent être en communion avec lui le trouvent, fût-ce en tâtonnant, pour pouvoir aimer comme Christ a aimé. (Jean 13, 34)
Alors comment faire pour trouver, sans trop tâtonner, ce Dieu qui se cache au-delà du temps et de l’espace ? En se mettant à suivre celui qui est le chemin, la vérité et la vie : Jésus Christ. Lorsque Philippe, un des disciples, demanda à Jésus de lui montrer le Père, il reçut cette réponse extraordinaire :
Qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘montre nous le Père’ ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? (Jean 14, 9-10)
Et à Marie qui pleura devant le tombeau vide, Jésus, qui avait l’apparence d’un jardinier, demanda : ‘Que cherches-tu ?’ (Jean 20, 15) Ici, nous avons un autre jeu de cache-cache où Dieu montre comment il se révèle délibérément non pas à travers les sages, puissants et nobles, mais à travers ceux qui sont considérés par le monde comme stupides, faibles, pauvres et méprisables.
Les uns cherchent à se faire remarquer par Dieu et être vue par les hommes en faisant des aumônes et des prières. Au lieu de chercher Dieu, ils espèrent que Dieu les chercher et se manifeste à eux. Mais comme ce n’est pas ainsi que l’on trouve Dieu, Jésus nous dit :
Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6, 6)
C’est là dans le secret que Dieu se révèle. C’est là dans le secret qu’il nous incite à rentrer en nous-mêmes et à nous tourner vers ce « souffle de l’immanence divine » qui se cache en notre homme intérieur. Chercher Dieu dans le secret de son cœur donne l’impression qu’il se fait de plus en plus petit à nos sens, et cela, jusqu'à ce que le voile se lève et nous voyons briller l’Évangile de la gloire du Christ, image du Dieu vivant. (2 Corinthiens 4, 4)
Étant crées pour refléter l’image de Dieu, notre mission consiste à faire briller l’Évangile de la gloire du Christ dans ce monde. Pour réussir cette mission et vivre avec piété et contentement, nous avons aussi besoin de l’humour. L’humour l’emporte sur la logique. Il permet de ne pas prendre les défis de la vie quotidienne trop au sérieux et à se dire : « Demain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » à chaque jour suffit sa peine ». L’humour s’avise de ne pas s’étonner comme d’une chose étrange d’être plongé dans la fournaise de l’épreuve, mais de s’en réjouir. (1 Pierre 4, 12-13) Dans les tourments et les épreuves de la vie, nous pouvons alors dire comme David :
Avec toi je force l’enceinte, avec mon Dieu je saute la muraille. (Ps 18, 30)
Nous avons besoin d’une bonne portion d’humour pour apprendre à rire de nous-mêmes au lieu de se plaindre. « Se réjouir sans cesse », comme nous exhorte l’apôtre (Philippiens 4, 4), procure l’assurance que les obstacles qui se dressent durant notre vie ne nous empêcheront nullement d’atteindre le but : le prix de la vocation céleste qui nous est réserve dans le Christ Jésus. (Philippiens 3, 14) Quand nous aurons franchis la ligne d’arrivée de cette course d’obstacle, nous comprendrons avec amusement à quel point les épreuves et tribulations ont, directement ou indirectement, contribué au succès de la course. Quand nous pouvons rire d'une situation, cela signifie que nous ne sommes pas trop impliqués. Nous pouvons aller au-delà de notre point de vue et voir le problème à partir d'une perspective plus élevée. L’humour qui nous aide à ne pas surestimer nos points de vue et à considérer les évènements sous un angle moins terre à terre.
Ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer. (Isaïe 40, 31)
L'humour nécessite de l'objectivité. Si Adam et Eve avaient eu de l’humour, ils auraient compris que le serpent ne voulut pas vraiment qu’ils goûtent du fruit de l’arbre de la connaissance du bien au Paradis, mais qu’il cherche à les défier. De la même manière il défia Jésus Christ sur la terrasse du Temple à Jérusalem lorsqu’il l’invita à se jeter dans le vide. (Matthieu 4, 5-6) Cependant Jésus comprit l’ironie d’une invitation qui consiste à se blesser et risquer de mourir ! Si Adam et Eve avaient réagi comme Jésus, ils auraient découverte que Dieu ne cherchait qu’à les rendre bienheureux et expérimentés ce que veut dire : « Dieu est Amour ». Ils auraient réalisé que leur mission sur terre était de devenir un reflet vivant de Dieu, et réaliser eux-mêmes ce qu'est le vrai amour. Cet amour divin dont le sens véritable n'est pas compris par l’homme irrégénéré.
En voyant le Temple à Jérusalem en ruines, le peuple pleura de désespoir… Sauf quelques hommes de foi qui se réjouirent parce qu’ils comprirent que cette destruction, annoncée par prophétie (1 Rois 9, 8-9), était le signe avant coureur de cette autre prophétie promettant la reconstruction du Temple et l’avènement glorieux du Messie. (Zacharie 1,16) Ce qui sur le moment n’a rien de réjouissant, l’humour permet de voir un avenir plein d’allégresse et nous rend capables d’entrevoir le dessein de Dieu dans son ensemble.
Nous étions comme en rêve; alors notre bouche s'emplit de rire et nos lèvres de chansons... (Psaume 126, 1-2).
Lorsque nous réaliserons que même les moments les plus sombres de l'histoire ont aussi engendrés d’énormes bienfaits, éclairés et transformés l’humanité, alors nous comprendrons plus facilement pourquoi il faut prendre à cœur cette exhortation :
Que votre charité soit sans feinte, détestant le mal, solidement attachés au bien ; que l'amour fraternel vous lie d'affection entre vous, chacun regardant les autres comme plus méritants, d'un zèle sans nonchalance, dans la ferveur de l'esprit, au service du Seigneur, avec la joie de l'espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière, prenant part aux besoins des saints, avides de donner l'hospitalité. (Romains 12, 9-13)
Ainsi, tous les évènements tragiques, horribles et conflictuels qui auront marqués l’histoire de l’humanité se dissiperont et laisseront place au Royaume des cieux.

K. Woerlen (publié le 25 janvier 2020)